Se réinventer professionnellement en s’appuyant sur le levier du bénévolat dans le contexte de l’expatriation.
Mes années en Afrique du Sud ont été particulières dans mon parcours professionnel.
C’est la première fois que je n’allais pas obtenir un permis d’emploi. Vous noterez que je n’ai pas dit permis de travail. C’est fait exprès.
Comment se réinventer alors, dans cette 3è expérience de vie à l’étranger à l’aube de mes 40 ans ?
D’abord, je savais avant de partir qu’obtenir le graal d’un visa « de travail » serait complexe notamment en venant du métier que j’exerçais alors. Pas du tout un métier en tension ou d’expertise recherchée dans le pays qui m’accueillait. Je m’étais renseignée.
Se préparer à son futur contexte est essentiel, cela aide (à commencer) à appréhender son nouvel environnement et à travailler sur soi, à explorer toutes les questions que l’on a en soi (même les moches, surtout les moches).
Face à cette situation connue au départ, je suis partie en Afrique du Sud avec l’esprit ouvert et avec pas mal d’introspection en cours pour entamer un nouveau chemin professionnel. J’avais déjà commencé la réflexion autour de l’accompagnement des personnes avant le départ, je faisais déjà du bénévolat autour de cette thématique en plus de mon emploi de salariée. L’Afrique du Sud m’a permis de franchir le pas pour de bon.
Il y a quelques mois Work in the City Johannesburg, une association dynamique, un réseau professionnel francophone pour toute personne en activité, en recherche d’emploi, en transition professionnelle et entrepreneur ou porteur de projets en Afrique du Sud m’a permis de témoigner sur ce que cette étape de vie m’avait permis d’entreprendre et de continuer. Elle s’est créée alors que j’avais déjà entamé mon chemin. C’est une richesse que j’aurais aimé avoir en arrivant. Une pépite énergique qui vous fait aller plus loin. Un réseau qui m’a permis de faire de belles rencontres.
Je terminerai ce partage en vous indiquant qu’à la suite de l’Afrique du Sud ce sont les USA qui m’ont accueillie. La lettre de recommandation de l’association pour laquelle j’avais travaillée 6 ans (bénévolement, en échanges de services et en troc, on en a exploré des pistes de valorisation !) a eu autant de poids qu’une lettre de recommandation employeur lorsque je me suis retrouvée en entretien. Cela fait du bien à l’ego évidemment mais surtout c’était un facteur positif et non un frein, on a reconnu ce travail qui n’avait pas la forme d’un emploi « classique ».
Une vision culturelle différente du mot travail peut-être, un attachement au développement des compétences acquises pendant l’expérience plus qu’au statut, une ouverture à ce que je pouvais apporter aujourd’hui, ici et maintenant, une validation aussi de ma réinvention et transition professionnelle que j’avais pu donc tester dans le cadre bienveillant de ces missions dont je définissais les contours avec la fondatrice de l’organisation.
Je me suis adaptée à un contexte de vie particulier, ce n’était pas tous les jours idéal comme situation ni comme statut – il y a des choses à préparer, à verbaliser, à mettre en place en amont pour lever des tabous assez forts autour de cette expérience d’expatriation en tant que conjoint suiveur ; autonomie financière, valeur financière de son travail, retraite, image personnelle et perceptions – mais pendant ce temps particulier, je travaillais aussi sur « et après ». L’Afrique du Sud ce ne serait pas pour toujours, comment alors se développer, apprendre, continuer de progresser, se réinventer, se connaître mieux, vivre l’expérience au maximum, se valoriser pour aujourd’hui, forte de toutes ces situations, servir au mieux les personnes que j’accompagne professionnellement et avec un statut d’indépendante (!) dans le cadre de leur transition géographique, culturelle et/ou professionnelle. C’est ce que m’ont permis ces aventures en terre bénévole.
Alors demain, comment regarderez-vous, employeurs, les missions bénévoles des personnes en transition professionnelle ?
Je vous souhaite de rester curieux dans la rencontre de ces futures pépites plutôt que de vous attacher au statut de la mission.